10 mars 2016

Expo Photo ~ Go de nuit. Abidjan, les belles retrouvées ~

Edit 2016 : Le film d'Eliane de Latour, Little Go Girls, sur les filles d'Abidjan vendant leurs corps sort enfin au cinéma. A cette occasion, petit retour sur la très belle exposition photo qui a eu lieue à la maison des Métallos en novembre 2014. 

Go de nuit. Abidjan, les belles retrouvées. Derrière ce titre mystérieux et intriguant, se cache une exposition photo et vidéos où les femmes d'Abidjan sont à l'honneur. Mais pas n'importe lesquelles. Ce sont les "go de nuit", ces filles de la nuit entrées très tôt dans la prostitution, qui sont au cœur du travail de l’anthropologue et photographe Eliane de Latour.

Ces femmes vivent dans la rue, sur la plage, entassées dans un petit hôtel miteux, se vendent pour trois fois rien dans leur ghettos. Elles ont décidé de s'exclure des règles de la vie familiale, très dures envers les jeunes filles dès que celles-ci atteignent la puberté, en expérimentant leur propre liberté, jusqu'à se retrouver en marge de la société. La conscience du rejet et de la déconsidération sociale vis à vis de leur situation les porte à se réfugier dans la violence, la provocation et l'errance.



> Eliane de Latour a réussi à établir un lien avec ces jeunes filles, a travers une série d'autoportraits, réalisés entre 2009 et 2011, qui ont fait l'objet d'une première exposition en 2011, intitulée "Go de nuit. Abidjan, les belles oubliées". Les belles oubliées de la société, de tous et qui s'oublient elles-mêmes, se retrouvent soudainement au centre de l'attention et sont considérées à nouveau, elles qui se sentaient exclues de tout.
> La photographe retourne à Abidjan trois plus tard, avec la somme récoltée grâce à son exposition, pour offrir à ces jeunes filles une autre situation, dans la mesure du possible. Le retour et les retrouvailles entre femmes donnent naissance à une seconde exposition, dont le titre prend tout son sens, "Go de nuit. Abidjan, les belles retrouvées".

> Les belles retrouvées ont quelque chose de plus à apporter, comme le dit de Latour "De cette nouvelle place qu'elles me donnaient, j'ai saisi leur force intérieure et leur grâce emplie d'un furieux désir de liberté".


> Il s'agit d'une toute petite exposition, mais on peut vraiment s'y attarder longuement. Point non négligeable : l'entrée est gratuite, nous sommes à la Maison des métallos, où de nombreuses expositions sont accessibles

> J'ai d'abord été sensible au titre choisi pour l'exposition, qui me semble refléter la douce affection qu'éprouve la photographe pour les jeunes femmes qu'elle a pris en photos, et qu'elle a filmées ensuite. L'écho entre "les belles oubliées" et "les belles retrouvées" est touchant, et bien pensé. J'admire le travail de confiance que de Latour a réussir à établir, dans le temps, dans son art, et le lien qu'elle a entretenu avec ces femmes. Ce lien s'est étoffé et cela se voit. 

> La première partie de l'exposition, à l'entrée, est constituée des autoportraits réalisés pour la première exposition. Des dizaines de portraits de femmes, dont les regards vous interpellent et vous obligent presque à les soutenir. J'ai pu ressentir une grande présence, une sorte d'appel qui disait "regardez-nous". Elles sont belles, ces femmes, malgré leurs visages marqués par une vie misérable, la fatigue, les excès. Ces visages particuliers racontent une histoire, et il est déjà très intéressant de s'y attarder quelques instants.

Dans une deuxième partie, des installations vidéos ont été placés au centre de la pièce, et sur les murs de la salle, de nouvelles photos de ces femmes avec la citation de leurs pensées, leurs situations, leurs espoirs. Les vidéos sont de courtes durées, et montrent la vie quotidienne. L'attention de la photographe est porté sur des morceaux de vies, des regards, des postures, une présence












Le 9 mars 2016 est sorti le film Little go girls, à voir en salles !


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